Est-ce que la relation entre acidose lactique et metformine existe ? Ou est-ce simplement un hasard, une coïncidence?
En lisant la littérature, c’est ce que l’on peut se demander! Si l’on se réfère à la médecine basée sur les preuves, on est rapidement amené à se rendre compte que cela n’existe pas. Preuve en est la dernière revue de la célèbre Cochrane Database qui conclut que :
Metformin does not increase risk for lactic acidosis compared with placebo or other glucose-lowering therapies in patients with type 2 diabetes
Et ceci après avoir revu 347 études soit 70 490 patients-année où ils n’ont pas trouvé plus d’acidose lactique dans le groupe metformine vs placebo vs autres anti-diabétiques oraux.
This finding verifies previous data suggesting that lactic acidosis might be associated with underlying morbidity rather than metformin per se.
Mais quand on en en a vu une, c’est difficile de croire que c’est un hasard ou une coïncidence!
Voici l’histoire d’une dame de 67 ans, connue pour un diabète de type 2 non insulino-requérant, une hypertension artérielle, une goutte, une dyslipidémie et un antécédents de carcinome canalaire invasif. Son traitement consiste en metformine, co-tenolol et allopurinol.
Elle présente à domicile, une baisse de l’état général avec nausées et vomissements. Elle ne mange pas, ne s’hydrate pas depuis 4 jours quand l’ambulance est appelée à domicile. Sur site, la patiente est hypotendue, déshydratée avec une hypoglycémie à 0.7 mmol/l.
Le bilan aux urgences montre une gazométrie avec un pH à 6.87, un pC02 à 0.92 kPa des bicarbonates à 1.2 mmol/l et un lactate à 17 mmol/l. La créatinine est à 890 µmol/l avec une urée à 60 mmol/l et un phosphate à 5.5 mmol/l. La patiente est tachypnéique, avec un GCS à 15, très fatiguée et hypotherme à 32°C.
Elle bénéficiera de 48h de dialyse continue et après 3 semaines d’hôpital pourra retourner à domicile avec le diagnostique d’acidose métabolique sévère sur insuffisance rénale aiguë et acidose lactique sur accumulation de metformine. Elle a alors une IRC avec un eGFR à 20 ml/min, le traitement de metformine est stoppé et remplacé par de l’insuline.
Pour moi, l’insuffisance rénale aiguë pré-rénale sur déshydratation ne peut pas expliquer à elle seule l’acidose métabolique sévère et le taux de lactate élevé que présente cette patiente.
Elle a pour moi présenté une MALA (metformine-associated lactic acidosis) et elle prenait probablement ce traitement avec une contre-indication évidente qui est l’insuffisance rénale (eGFR < 60 ml/min). Tout le tableau clinique (anorexie, nausées, vomissements, hypotension, hypothermie…) peut ensuite être expliqué par la MALA.
Personnellement j’arrête la metformine pour un eGFR < 30 ml/min et c’est le seul cas que j’ai vécu ou je pense que la metformine est en cause directement.
Alors, hasard ou coïncidence?
J’ai également vécu un cas similaire avec une acidose métabolique sévère avec hyperlactatémie sans autre cause à l’augmentation des lactate que la prise de metformin. La patiente a dû être dialysée pendant 48h et tout est ensuite rentré dans l’ordre avec l’arrêt de la metformin. Et il y a beaucoup d’autres « coincidences » peut être moins sévère qui permettre d’émettre des doutes quant à l’absence de relation!!
J’aimeJ’aime
Attention tout de même aux effets secondaires de la metformine.
J’aimeJ’aime