Le syndrome des jambes sans repos

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Le syndrome des jambes sans repos (restless legs syndrome (RLS)) survient chez 10-30% de nos patients en dialyse. Il repose sur 4 critères diagnostiques principaux:

  1. an urge to move the legs, usually accompanied or caused by uncomfortable and unpleasant sensations in the legs;
  2. the urge to move or unpleasant sensation begin or worsen during periods of rest or inactivity such as lying or sitting;
  3. the symptoms are partially or totally relieved by physical (and sometimes even mental) activity, at least as long as activity continues;
  4. the symptoms are worse in the evening or night than during day, or only occur in the evening or night.

Il n’y a pas grand chose à dire sur la physiopathologie qui n’est pas connue. Chez nos patients en dialyse l’urémie participe sans doute à ce syndrome, ainsi que la neuropathie, l’anémie, le déficit en fer, les comorbidités et l’immobilisation durant la séance.

La prise en charge consiste en:

  • Traitement non pharmacologique
    • éviter la cafféine, l’alcool et la nicotine
    • éviter certains médicaments, comme les antidépresseurs tricycliques, les SSRI, le lithium, les antagonistes dopaminergiques, les anti-émétiques bloquant la dopamine comme le metoclopramide (primpéran®) et les anti-histaminiques sédatifs qui peuvent tous aggraver les symptômes.
    • favoriser un activité mental (jeu vidéo, scrabble, puzzle…) qui semble diminuer les symptômes
  • Corriger l’anémie et le déficit en fer
  • Traitement dopaminergique (cf tableau)
    • Lévodopa: reconnue pour la prise en charge du RLS idiopathie et en dialyse.
    • Agonistes dopaminergiques:
  • Médicaments non dopaminergiques (cf tableau)
    • La gabapentine est mon premier choix
    • Les benzodiazépines et surtout le clonazépam
    • Les opiacés
Ce tableau est également tiré de l’article en référence quelques lignes au-dessus
Médicament Dose initiale (mg) Dose maximale (mg) Remarque(s)
Ropirinole (adartrel®, requip®) 0.25 3-4 Pas d’adaptation en cas d’IRC. Pas éliminé par la dialyse
Lévodopa (madopar®) 50 200 Pas éliminé par dialyse
Pramipexole (sifrol®) 0.125 1.5 Dose doit être adaptée chez patient avec IRC. Pas recommandé chez patient en dialyse par le fabriquant
Pergolide (permax®) 0.05 0.5-1 Dose doit être adaptée chez patient avec IRC. Pas de données en dialyse
Carbegoline (cabaser®) 0.5 2 Pas d’adaptation en cas d’IRC. Pas de données en dialyse
Gabapentine (neurontin®) 100 300 Adaptation de la dose en fonction de l’atteinte rénale. A prendre après la dialyse
Oxycodone (oxycontin® 5 15-20 Pas d’adaptation en cas d’IRC. Pas éliminé par la dialyse
Tramadol (tramal®) 50 200 Augmentation intervalle de prise en cas d’IRC. Eliminé par la dialyse
Méthadone (méthadone®, kétalgine®) 2.5-5 10-20 Augmentation intervalle de prise en cas d’IRC. Pas éliminé par la dialyse
Clonazépam (rivotril®) 0.25 2 Pas d’adaptation en cas d’IRC. Pas éliminé par la dialyse

Nous nous étions intéressés à cette problématique en dialyse et n’avions pas pu mettre en évidence de différence sur le RLS en comparant hémodialyse conventionnelle vs hémodiafiltration à haute efficacité chez 101 patients.

3 commentaires

  1. Bien que cet article date de plus de 2 ans, il n’en reste pas moins intéressant. De plus, cela permet de faire un peu parler du syndrome des jambes sans repos (ou maladie de Willis Ekbom maintenant) qui reste, malheureusement, trop méconnu du grand public mais aussi des spécialistes de la santé.

    En tout cas, je me permets de compléter cet article en rappelant, à ceux qui ne le saurait pas, que le syndrome touche des personnes au quotidien, hors de contextes bien particuliers comme la dialyse. Et pour ceux qui le subisse au quotidien, je rappelle qu’il existe une association reconnue d’utilité publique : l’association France Ekbom.

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