Après le syndrome pneumo-rénal et le syndrome hépato-rénal, voici un nouveau syndrome, le syndrome cardio-rénal (CRS), avec une nouvelle classification! Pour une revue récente, voir l’article du Prof Claudio Ronco dont ce billet s’est inspiré.
La classification est ainsi faite:
CRS type 1 (acute CRS)
Il est caractérisé par une insuffisance cardiaque aiguë amenant à une insuffisance rénale aiguë (IRA). C’est un problème fréquent avec 1 million de patients admis à l’hôpital par année aux Etats-Unis pour ce problème.
L’étiologie évoquée est une perfusion rénale inadéquate et/ou augmentation de la pression veineuse provoquant une « congestion » rénale. Le CRS type 1 a comme conséquence importante une baisse de la réponse aux diurétiques.
CRS type 2 (chronic CRS)
C’est cette fois une insuffisance cardiaque chronique qui va entraîner une atteinte rénale. Jusqu’à 25% des patients avec insuffisance cardiaque chronique ont, en plus, une insuffisance rénale chronique. Une diminution de l’eGFR va augmenter le risque de mortalité de ces patients.
On ne connait pas vraiment la physiopathologie de cette atteinte. L’étude ESCAPE (Evaluation Study of Congestive Heart Failure) a montré que chez les patients avec une insuffisance cardiaque avancée le seul paramètre prédictif d’une insuffisance rénale était une pression augmentée dans l’oreillette droite. Ce point faisant penser que la « congestion » rénale pourrait contribuer à la physiopathologie de cette entité.
CRS type 3 (acute renocardiac syndrome)
Le type 3 est caractérisé par une atteinte brutale de la fonction rénale, entraînant une dysfonction cardiaque aiguë (insuffisance cardiaque, trouble du rythme ou ischémie). Moins fréquent que le CRS type 1, l’IRA touche toutefois jusqu’à 9% des patients hospitalisés, en utilisant les critères RIFLE (risk, injury, failure, loss and end-stage kidney disease). Aux soins intensifs, cela monte jusqu’à 35%.
Une situation clinique comme la sténose bilatérale des artères rénales est l’archétype du CRS type 3.
CRS type 4 (chronic renocardiac syndrome)
Dans le type 4, c’est l’IRC qui provoque une atteinte cardiaque. En utilisant la classification K/DOQI en 5 stades, c’est 11% de la population aux Etats-Unis qui souffre d’une IRC. Ces patients sont à haut risque cardiovasculaire et la prise en charge est souvent sous-optimale.
CRS type 5 (secondary CRS)
Il y a dans le type 5, une atteinte cardiaque et rénale due à un maladie systémique aiguë ou chronique. Cela peut être un sepsis, le diabète, l’amyloïdose, le lupus systémique disséminé et la sarcoïdose. Dans l’atteinte aiguë, c’est le sepsis sévère qui est le plus fréquent. Celui-ci peut provoquer une IRA avec une cardioplégie importante. Le mécanisme est, là encore, mal compris, avec probablement une participation du TNF.
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