Mise à jour le 21 novembre 2011
L’indexation du débit de filtration glomérulaire (DFG) par la surface corporelle (SC) est souvent réalisée sans grande réflexion.[1]
La raison principale pour indexer le DFG est de permettre une comparaison entre sujets de gabarit différent. La deuxième raison est de pouvoir établir des valeurs de références (valeurs « normales »).
L’article princeps de McIntosh date de 1928.[2] Il fut le premier à utiliser le fameux « 1.73 m2 » pour l’indexation et considérait alors le poids idéal (et pas le poids réel) pour estimer la SC. Par des raccourcis dangereux, il arrive à la conclusion que la SC est bien corrélée au DFG et alors cette hypothèse devient thèse. Celle-ci va rencontrer un vif succès.
Du point de vue mathématique, pour pouvoir indexer le GFR à la SC, la relation doit remplir deux conditions:
- relation forte, linéaire et sans intercepte (la pente doit passer par 0) entre SC et DFG
- relation entre DFG indexé par SC et la SC doit entièrement disparaître
L’indexation du DFG aura très peu de conséquence en terme de résultat chiffré chez la plupart des patients avec un gabarit « normal ».
C’est ce que l’on voit sur ce tableau. (C’est pour des BMI de < 18 ou >40 que les différences sont importantes.)
Le fameux « 1.73 m2 » vient – en fait – d’une erreur de calcul (moyenne des données d’une population de 1930 = 1.72 m2!). Ce choix étant arbitraire et vu que tout le monde utilise celui-ci, cela n’a finalement que peu d’importance.
L’équation » mythique » de Du Bois et Du Bois, proposée en 1916, a été calculée sur 9 patients par des méthodes astucieuses de moules découpés avec une erreur moyenne de 1.5%. Elle est encore la plus utilisée.
Delanaye et coll. pensent que l’indexation du DFG à la SC pour les patients avec un gabarit « normal » n’a pas lieu d’être (pas justifiée physiologiquement et parce qu’elle n’apporte et ne modifie rien).[1] Pour les patients « hors norme », ils pensent que l’erreur induite par la correction est plus importante que l’erreur induite par la non correction!
Il est intéressant de voir que des notions que je croyais acquises et sûres ne reposent pas sur des bases scientifiques solides!
Source
1. Delanaye P, Mariat C, Cavalier É, Krzesinski JM: Indexation du débit de filtration glomérulaire par la surface corporelle : mythe et réalité. Nephrol Ther 2009, 5:614–622.
2. McIntosh JF, Möller E, Van Slyke DD: STUDIES OF UREA EXCRETION. III: The Influence of Body Size on Urea Output. Journal of Clinical Investigation 1928, 6:467–483.
Bonjour Vincent,
Bravo pour ton site. Voici encore quelques références avec données originales sur l’indexation.
Wuerzner, G., M. Bochud, et al. (2011). « Measurement of glomerular filtration rate in obese patients: pitfalls and potential consequences on drug therapy. » Obesity facts 4(3): 238-243.
Wuerzner, G., M. Pruijm, et al. (2010). « Marked association between obesity and glomerular hyperfiltration: a cross-sectional study in an African population. » Am J Kidney Dis 56(2): 303-312.
Bien amicalement,
Grégoire
Nous serions très heureux de t’acceuillir un jeudi après-midi pour une présentation de ton blog. Serais-tu partant ? (début 2012)
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Cher Grégoire,
Merci pour ces références.
Bien volontiers.
Bien à toi.
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Bonsoir Vincent,
Ce sujet retient un peu mon attention et crée un peu de confusion du fait que « des notions que je croyais acquises et sûres ne reposent pas sur des bases scientifiques solides! » comme tu l’as si bien dit. Quelle formule faut-il alors utiliser ?
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Cher Josué,
Il faut utiliser ces formules – il n’y en a pas d’autres – mais se rappeler que ce n’est que des formules et qu’elles ont des limitations.
Bien à vous
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