Cela fait longtemps que l’on suspecte l’acide urique comme possible responsable de la pathogénèse et de la progression de l’insuffisance rénale. Logiquement un traitement uricosurique devrait diminuer cette progression. Malheureusement, il y a peu d’études interventionnelles et encore moins d’études randomisées et contrôlées disponibles pour l’étayer.
Une méta-analyse récente de 8 études regroupant 476 patients étudie l’effet de l’allopurinol sur la progression de l’insuffisance rénale.[1] Les auteurs analysent l’évolution du débit de filtration glomérulaire – entre autre – et concluent que l’allopurinol pourrait retarder la progression de l’insuffisance rénale, mais que les évidences ne sont pas assez bonnes pour recommander ce traitement.
Une étude encore plus récente rapporte un suivi post hoc (en moyenne 7 ans) d’une étude antérieure randomisée et contrôlée portant sur 113 patients avec une IRC stable et un DFGe > 60 ml/min/1.73 m2. La moitié des patients recevait un placebo et l’autre moitié de l’allopurinol 100 mg par jour durant 24 mois.[2] Cette étude avait montré que l’allopurinol apportait un bénéfice en terme d’évolution du DFGe et d’événements cardio-vasculaires. L’observation fut ensuite maintenu pour 84 mois chez 107 patients en suivant le devenir « rénal ». Les résultats sont impressionnants puisque 47% des patients sous placebo évolue « mal » au niveau rénal contre 16% dans le groupe qui prend de l’allopurinol.[3]
Cette étude soulève pas mal de question et en particulier par quel mécanisme l’allopurinol protège-t-il les reins ? En baissant l’acide urique au dessous de son point de saturation ? En prévenant la formation de dérivé réactif de l’oxygène ? Aurait-on le même effet avec un autre inhibiteur de la xanthine oxydase (febuxostat) ? Il serait intéressant d’avoir une étude comparant l’allopurinol (100 mg par jour) vs le febuxostat (40 mg par jour) vs placebo chez des patients avec une IRC de stade 3 ou 4.
En attendant, on peut probablement proposer ce traitement chez les patients insuffisants chroniques chez qui tous les facteurs de risque cardio-vasculaires sont correctement contrôlés et où les urates sont augmentés !
Source
1.Bose B, Badve SV, Hiremath SS, Boudville N, Brown FG, Cass A, de Zoysa JR, Fassett RG, Faull R, Harris DC, Hawley CM, Kanellis J, Palmer SC, Perkovic V, Pascoe EM, Rangan GK, Walker RJ, Walters G, Johnson DW: Effects of uric acid-lowering therapy on renal outcomes: a systematic review and meta-analysis. Nephrol Dial Transplant 2014, 29:406–413.
2. Grayson PC, Kim SY, LaValley M, Choi HK: Hyperuricemia and incident hypertension: a systematic review and meta-analysis. Arthritis Care Res 2011, 63:102–110.
3. Goicoechea M, Garcia de Vinuesa S, Verdalles U, Verde E, Macias N, Santos A, Pérez de Jose A, Cedeño S, Linares T, Luño J: Allopurinol and Progression of CKD and Cardiovascular Events: Long-term Follow-up of a Randomized Clinical Trial. Am J Kidney Dis 2015, 65:543–549.
je reviens un peu tard sur l’effet putatif bénéfique de l’allopurinol dans l’IRC; la dernière étude est très faible puisque « Small sample size, single center, not double blind, post hoc follow-up analysis ».
Je ne suis donc pas donc pas du tout convaincu
Cdt à tous
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