L’apologie du case-report

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C’est exprès que j’anglicise le titre de ce billet pour montrer qu’il n’existe pas de bonne traduction en français pour «case-report» ou en tout cas pas usité. On parle de cas rapporté, cas clinique, présentation de cas et j’en passe.

C’est, à mon avis, une manière essentielle d’apprendre notre métier. Quel interniste n’a pas rêvé de trouver tous les diagnostics des CASE RECORDS OF THE MASSACHUSETTS GENERAL HOSPITAL dans le Journal de la Nouvelle-Angletterre et d’en faire une explication aussi brillante. Combien de case-report ont amené à se poser des questions sur tel traitement, telle maladie ou tel symptôme. Cela doit être des centaines, voire des milliers.

Pourtant la publication d’un case-report n’est pas encouragée, preuve en est que certains journaux n’ont simplement pas de rubrique consacrée à cet effet. Je vous parle de cela aujourd’hui car j’apprécie les case-report et j’en apprend beaucoup à travers eux. J’ai rencontré un certain nombre de situations cliniques, qu’aucun livre ou article ou étude randomisé contrôlé en double aveugle contre groupe contrôle ne détaillent.

C’est pourquoi je pense qu’il est important de partager notre expérience clinique à travers des case-report.  Ceux-ci permettent de se poser les bonnes questions pour ensuite faire des études cliniques qui répondent à nos interrogations de cliniciens.

J’ai partagé avec vous un cas clinique de Syndrome hémolytique et urémique suite à un traitement de gemcitabine qui a été publié en 2008 dans la «Revue Médicale Suisse».

J’ai tenté ensuite de publier dans un journal français de néphrologie «Néphrologie & Thérapeutique», un cas de malakoplakie. [envoi le 5 août 2010, réponse le 23 septembre 2010]

  […] J’ai le regret de vous informer que votre article intitulé Malakoplakie rénale: une cause rare d’infiltration rénale pseudo-tumorale. n’a pas été retenu pour publication par le comité de rédaction.
Malgre ses qualités, les lecteurs ont estimé que votre article ne correspondait pas aux objectifs éditoriaux de la revue. […]

Je l’ai ensuite soumis à un journal de médecine interne français «La Presse Médicale». [envoi le 16 novembre 2010, réponse le 10 mars 2010]

  […] Votre manuscrit a été examiné par des lecteurs ainsi que par le Comité de Rédaction de La Presse Medicale.
Il ne peut être accepté en l’état pour les raisons développées dans les avis résumant les critiques formulées par le Comité de Rédaction lors de la discussion.
Merci de bien vouloir apporter des réponses aux commentaires de lecture et corriger votre article dans ce sens afin de nous soumettre une version modifiée de votre texte pour le 09/04/2011.
Bien entendu cette demande de révision ne préjuge en rien de la décision finale. […]

Après révision de l’article, « La Presse Médicale » accepte de publier Malakoplakie rénale: une cause rare d’infiltration rénale pseudo-tumorale dans la rubrique Lettre/ Cas clinique. [envoi le 5 avril 2010, réponse le 29 avril, publication tout bientôt]

Après avoir publié en français, en Suisse et en France, je me suis dit qu’il serait bien d’essayer l’anglais (merci google translate et Belén) qui est la véritable langue médicale (!)

J’ai soumis un cas de leptospirose à la revue «Nephrology Dialysis and Transplantation plus». [envoi le 2 novembre, réponse le 16 novembre]

 […] Your case report has been evaluated by an associate editor and at the editorial office.  Unfortunately, we have decided not to accept your manuscript for publication in NDT Plus.[…]
Since we cannot hope to publish all the papers we receive,  however excellent, we are often obliged to reject work that may be acceptable elsewhere. We would like to thank you nonetheless for having given us the opportunity to review your article, and look forward to future submissions from you. […]

J’ai ensuite essayé le journal «Critical Care Medicine». [envoi le 16 novembre, réponse le 27 novembre]

 […] We regret to inform you that your case report was rejected for consideration for publication into Critical Care Medicine.
In recent years, our journal has received an increasing number of high quality papers. Judicious use of the journal’s resources necessitates rejection of some very fine manuscripts that simply do not achieve a sufficiently high priority. Thus, we are unable to reconsider a revision. […]

Puis «Intensive Care Medicine» [envoi le 5 décembre, réponse le 6 décembre]

[…] Since there is no special section for case reports in our journal, these manuscripts have to undergo a strict pre-evaluation process. Unfortunately, after primary review by the editorial board, the manuscript you present did not attain enough priority to be published in its present form. Hence, we would suggest that you reduce your text to the size of a letter.
If you agree, please rewrite the article in compliance with our limit for letters of up to 500 words and five references. We would expect to receive your letter within 6 weeks; otherwise we shall assume that you do not wish to resubmit your manuscript. […]

Puis «Clinical Nephrology» [envoi le 18 janvier 2011, réponse le 26 mai !] 

 […] Unfortunately, the overall priority score was not high enough to warrant further revision or eventual publication.  […]
We are sorry we could not come to a more favorable decision. However, please do not let this discourage you from submitting manuscripts in the future.
We hope the reviewer comments are of help to you, and we would like to thank you for your support of Clinical Nephrology. […]

Et j’ai la chance d’avoir un «additionnal comments». C’est probablement pour justifier les 130 € qu’ils m’ont demandé pour revoir le case-report (!)

[…] It is rather poorly written with very scanty clinical information to attribute the patient’s recovery to plasma exchange and HVHF. Both reviewers raised some concerns, please refer to their comments. […]

J’attend actuellement la réponse de «Case reports in Nephrology». [envoi le 3 juin]

Le propos de ce billet n’est pas de montrer que ces différents journaux ne veulent pas de mon dernier article. Ils ont probablement raison de le refuser et ne peuvent pas tout accepter. Ce que je veux encourager, c’est la publication de case-report et vous montrer qu’il faut être patient et ne pas perdre espoir de partager votre expérience clinique. Vous avez vu, entendu, traité,vécu des situations exceptionnelles, faites-en partager les autres. Ne soyez pas égoïste et racontez-nous votre expérience de clinicien.

Et, si comme moi, vous n’êtes pas assez doué pour la littérature médicale, écrivez un blog!

6 commentaires

  1. Salut Vincent,

    Tu prêche à un convaincu…..mais l’air du temps est à l’épidémiologie et l’évidence base….qui je te l’accorde ne nous aide que très rarement face à des pathologies compliquées et inhabituelles.
    Le BMJ à une politique dans le sens de promouvoir les reports de cas (BMJ case report online), et cela a été récemment indexé dans pubmed, cela vaut la peine d’essayer !
    Amicalement
    Manu

    J’aime

    1. Bonjour,
      Un autre Dr House ! Enchanté !
      J’ai vu vos vidéos et je me rappelle que vous me citez dans un interview. J’en ai été très flatté !
      Pas de revue, éditorial ou autres. J’ai arrêté de me battre pour essayer de passer dans la « vraie » littérature médicale. Je me contente de mon blog…
      Bien à vous

      Aimé par 1 personne

      1. Bonjour Vincent,
        Merci pour votre réponse que je ne vois que maintenant. Je suis entrain de refaire ma bibliographie pour inciter à écrire pour apprendre et non seulement pour le « Publish or Perish ».

        Bien à vous et qui sait peut-être un jour nous rencontrerons nous.

        J’aime

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