Définition de la protéinurie d’ordre néphrotique

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Le syndrome néphrotique (SN) est la principale manifestation des maladies rénales, témoignant d’une importante perte de protéines au niveau urinaire.  Il est défini par une protéinurie de 3.5 g par jour ou plus, un taux sanguin d’albumine bas, de cholestérol haut et des oedèmes. Le mécanisme des oedèmes liés au SN a été revu dans un autre billet [billet du 14 juin 2011].

 

Ce taux de protéinurie de 3.5 g par jour a été proposé à partir d’une série de cas de patients souffrants principalement de maladie glomérulaire primitive. Le Dr George Schreiner a rapporté la protéinurie de 186 patients souffrant d’un SN. La valeur de protéinurie la plus basse était de 3.5 g par jour chez 2 patients (voir graphique tiré de (1)). Dans cette étude l’âge moyen était de 37 ans et les critères pour la classification des patients ayant un SN n’était pas spécifiés. Vingt ans plus tard, Ginsberg et coll ont proposé d’utiliser le rapport protéine sur créatinine sur un échantillon d’urine et partant de l’hypothèse que l’excrétion de créatinine est d’environ 1 g par jour (8.8 mmol par jour) suggérant également un seuil de 3.5 g/g pour le SN.(2)

Ce seuil historique de 3.5 g par jour a une sensibilité de 67% et une spécificité de 65% et était proche du point de précision maximale (3.2 g par jour; sensibilité 73%: spécificité 62%)

Actuellement, l’atteinte rénale prédominante est la néphropathie diabétique. Stoycheff et coll. ont voulu voir si cette définition était toujours valable en cas d’atteinte diabétique.(1) Pour se faire, ils ont fait une seconde analyse de l’étude IDNT (Irbesartan in Diabetic Nephropathy Trial) qui comprenait 1715 patients diabétiques.(3) Les urines de 1608 patients ont pu être analysées, 693 (43%) avaient une protéinurie de ≥ 3.5 g par jour. Dans cette étude, l’albuminurie compte pour 60% de la protéinurie totale, similaire à ce que l’on trouve au niveau sanguin chez des individus sains.  Par différents procédés statistiques (courbe ROC), les auteurs montrent que cette définition reste tout à fait valable pour la néphropathie diabétique.

The historical definition of nephrotic-range proteinuria appears reasonable in patients with diabetic kidney disease.

Source:

1. Stoycheff N, Stevens LA, Schmid CH, Tighiouart H, Lewis J, Atkins RC, Levey AS. Nephrotic Syndrome in Diabetic Kidney Disease: An Evaluation and Update of the Definition. YAJKD 2010 Aug.;54(5):840–849.

2. Ginsberg JM, Chang BS, Matarese RA, Garella S. Use of single voided urine samples to estimate quantitative proteinuria. N Engl J Med 1983 Dec.;309(25):1543–1546.

3. Lewis EJ, Hunsicker LG, Clarke WR, Berl T, Pohl MA, Lewis JB, Ritz E, Atkins RC, Rohde R, Raz I, Collaborative Study Group. Renoprotective effect of the angiotensin-receptor antagonist irbesartan in patients with nephropathy due to type 2 diabetes. N Engl J Med 2001 Sep.;345(12):851–860.

3 commentaires

  1. La grosse différence entre le syndrome néphrotique du diabétique et des GP primitives comme les LGM est que les diabétiques ont rarement un syndrome oedémateux aussi important à protéinurie équivallente et souvent il n’ont pas d’hypoalbuminémie très profonde. Il y a certainement quelques choses à creuser sur ce sujet.

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