Exercice physique et insuffisance rénale terminale

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Voici un article que j’ai trouvé dans le journal RELAIS – Le magazine des sportifs transplantés et dialysés de JUIN 2010. Celui-ci est un résumé en français de cet article: Nephron Clin Pract 2010; 115: c7-c16

Les patients atteints de maladie rénale chronique sévère, en particulier ceux qui sont dialysés, présentent souvent une perte musculaire et une fatigue excessive. Ceci conduit à une activité physique réduite, qui peut avoir des conséquences graves: une étude réalisée chez des patients hémodialysés, a montré que ceux qui étaient sédentaires avaient un risque de décès à un an, 62% plus élevé que ceux qui étaient plus actifs. [Am J Kidney Dis 2003; 41: 447-454]

Si l’intérêt de l’exercice physique chez les patients dialysés est connu depuis une trentaine d’années, il n’y a pas aujourd’hui de recommandations établies dans ce domaine, ni de programmes structurés disponibles dans les centres (en dehors de quelques rares initiatives isolées).

Il faut savoir que l’importance du maintien d’une activité physique adaptée et contrôlée a été clairement montrée dans d’autres pathologies chroniques telles que l’insuffisance cardiaque, l’asthme, l’artérite, ou les cancers.

Dans la maladie rénale chronique, plusieurs facteurs expliquent la réduction de l’activité physique:

  • L’inactivité: elle est favorisée par la maladie elle-même (état de malaise lié à la maladie rénale chronique), les effets secondaires de la dialyse et les maladies associées.
  • L’atteinte musculaire: la maladie rénale avancée entraîne une perte musculaire liée à la fois à un défaut de synthèse et à un excès de destruction des protéines musculaires. Ceci est dû à l’insuffisance rénale mais aussi à la dialyse, et peut être aggravé en cas d’acidose chronique. L’atrophie musculaire qui résulte de ces anomalies se traduit par une perte de force.
  • L’inflammation et l’anémie sont également des facteurs qui limitent l’activité physique.

Pourtant les bénéfices de l’activité physique sont multiples:

  • récupération musculaire;
  • amélioration de la fonction cardiaque;
  • diminution de la pression artérielle;
  • réduction de «mauvais» cholestérol (LDL) et des triglycérides, et augmentation du «bon» cholestérol (HDL);
  • diminution des symptômes dépressifs et de l’anxiété, et reprise de l’appétit se traduisant par une augmentation de la consommation alimentaire, en calories et en protéines;
  • etc.

Il est toutefois important avant tout programme d’exercice physique, de réaliser un bilan médical (test de marche, tests respiratoires, tests neuromusculaires), afin de mettre en évidence d’éventuelles contre-indications, et d’évaluer le niveau d’exercice possible. Parmi les contre-indications les plus fréquentes on trouve:

  • l’hypertension artérielle instable;
  • les troubles sévères du rythme cardiaque;
  • l’infarctus cardiaque récent ou l’angine de poitrine instable;
  • le diabète non contrôlé:
  • etc.

En revanche, l’âge n’est pas une contre-indication en soi: c’est la présence plus fréquente de maladies associées chez ces patients, qui peut rendre possible ou limiter l’activité physique.

Par ailleurs, ce sont souvent les patients les plus fragiles qui tirent le plus d’avantages du maintien ou de la reprise d’une activité physique.

La nature et l’intensité des exercices physiques doivent être individualisées pour chaque patient, sachant que l’objectif est de combiner des exercices d’endurance, de résistance et d’assouplissement.

Il pourra s’agir par exemple d’un schéma associant, 30 minutes d’exercice d’endurance par jour, 5 jours par semaine, des exercices de résistance 2 fois par semaine, et des assouplissements réalisés après ces séances d’endurance ou résistance. Pour d’autres patients, le nombre de jours pourra être réduit, ainsi que la durée des séances (ex: 10 minutes).

Des évaluations régulières devront être réalisées après le début du programme (auto-évaluations par le patient, mesures en laboratoire…) pour apprécier la tolérance, les bénéfices, et adapter les recommandations si besoin.

En conclusion, la participation à des programmes d’activité physique chez les patients atteints de maladie rénale chronique avancée, et en particulier ceux qui sont dialysés, apparaît comme une source importante de bénéfices (en particulier sur la mortalité).

Il est important de poursuivre nos efforts de sensibilisation à la pratique d’une activité physique.

26 commentaires

  1. bonjour,
    je suis étudiante en master 1 réhabilitation par les activités physiques adaptées à Montpellier et je vais faire mon stage dans une société qui souhaite développer la prise en charge globale de la personne insuffisant rénale chronique. J’aimerais savoir si vous pouviez m’en dire un peu plus sur l’exercice et cette maladie que je ne connait pas encore très bien.
    Est ce qu’il y a des professeurs en activités physiques adaptées dans des services de néphrologie, qu’est ce qui est fait dans ce domaine dans le cadre de l’insuffisance rénale.
    Je fais des recherches bibliographiques mais si vous pouviez me guider ou me conseiller des lectures ça m’aiderais. Je vous en remercie par avance. Bien cordialement. Valériane

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    1. Chère Valériane,
      Pour mieux comprendre l’insuffisance rénale chronique, je te conseille de lire mon blog qui te donne pas mal de références en français sur cette maladie. Tu peux commencer par la partie Patients qui donne des informations aux patients.
      Il n’y a pas de « professeurs en activités physiques » dans les services de néphrologie que je connais. Je ne savais même pas que l’on pouvait être professeur dans cette discipline. Nous faisons appel à des physiothérapeutes (kiné) quand c’est nécessaire.

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  2. Bjr
    je prépare un projet d’étude sur l’intérêt de l’activité sportive chez les insuffisant chronique rénal ! vous connaissez un peut sur ce domaine,

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  3. Bonjour,
    Votre article est une mine d’informations !
    Je donne des cours de gym à domicile et viens de me retrouver face à une femme de 74 ans, dialysée 3 fois par semaine, une atrophie musculaire très importante avec tous les effets secondaires qu’il en suit…
    Auriez vous d’autres articles en français ou bien US sur le sujet ?
    Merci encore pour vos informations

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    1. Bonjour, je risque de prendre en charge en cours de gym une personne dialysée. Je cherche des informations sur les recommandations à suivre. Pourriez-vous m’en dire davantage ou m’orienter vers un document, article ou autre ?
      merci.

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  4. Merci Vincent de publier des articles aussi intéressant, je souffre d’insuffisance rénale de stade 3 et j’ai seulement 27 ans, je ne sais pas quand j’aurai de la dialyse mais ça risque d’arriver d’ici quelques années. Je me suis mis à l’exercice il y a environ un an et ça fait un bien énorme et pour toutes les personnes intéressées… je n’ai pas de restriction pour l’exercice. Le seul truc c’est que je dois faire attention à ce que je mange après l’exercice et surtout bien m’hydrater.

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  5. Bonjour, je suis étudiante en master « activités physiques adaptées et santé, ingénierie et développement ». Bien que tard, je me permets de répondre à l’un des commentaires. A l’hopital de Strasbourg, il y a une ancienne étudiante qui a monté le projet de prise en charge des patients en dialyse. Aujourd’hui, ce projet est devenu incontournable dans cet hôpital. Quant à moi, je vais monté un nouveau projet demandé par cet hôpital. Il s’agit de prendre en charge les transplantés de J+6 à J+15 après l’opération puis de faire un suivi par la suite (au niveau des activités physiques adaptées). Savez-vous s’il existe des écrits sur ce sujet? En tout cas, votre blog m’est du très grande utilité pour affiner mes connaissances sur le sujet avant de commencer ce projet. Merci beaucoup pour votre travail.

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      1. Je suis actuellement entrain de monter ce projet de façon theorique. Il sera appliqué ensuite lors de mon stage a partir de mars 2015. Je vous ferais parvenir la description lorsqu’il autre été valide par les chirurgiens, néphrologues et le reste de l’équipe médicale.
        Cordialement

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      2. Bonjour
        Effectivement, le projet à Strasbourg se développe. La littérature met en avant les bénéfices des activités physiques adaptées auprès des hémodialysés et des greffés (J+3mois). Néanmoins, rares sont les articles qui recouvrent des informations sur la prise en charge des dialysés péritonéaux et des nouveaux greffés. Avant de convaincre les patients, il faut convaincre les médecins et les chirurgiens de notre prise en charge sécuritaire.
        Nous mettons en place depuis maintenant 4 ans un programme pour ces publics spécifiques et ne nous concentrons pas uniquement à l’impact physique.
        Une thèse, qui se veut pluridisciplinaire à la croisée de l’ETP et des activités physiques adaptées, est en cours.
        Bien à vous
        Salomé

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  6. Bonjour. Je suis. Insuffisance rénale. Chroniques depuis. Plusieurs années et. Je suis. . À. La. Limites. De. La. Dyalise. J’ai un. Taux. De. Créatinine. De. 53,6 mg/L. Filtration glomérulaire. 19ml/min. Hémoglobine 10,6. Avec. Une Piqure EPO. Par. Mois. Mon. État. De. Santé. Actuelle. Me. Permet. Encore. Aujourd’hui. De. Parcourir. De. Nombreux. Kilomètres. En. Vélo. De. Route. Chaque. Semaine. Environ. 250 km. Sur deux. Sortie. Et. En Plus. Je. Pratique le. Canoë kayak. Il est Évident. Que. Par. Moment. Je. Manque. De. Souffle. Et. Surtout. L’acide. Lactique. Arrivé vite. Dans les jambes. Mais. Malgré Toute . Cette. Gène. Je. Ne. Baisse pas. Les. Bras. Je. Continus. À. Pratiquer. Plusieurs. Activités. Dites. Moi. Vous. Qui. Êtes. Des. Spécialistes comment. Se. Fait. T’il. Que. J’arrive. Encore. À. Pratiquer. Autant. D’activité. Surtout. Dans. Mon. Etats de. Santé. Actuelle malgré les. Nombreuses. Nausées. Rétention d’eau Et. Contractures. Musculaires. !!!!!

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